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    Le jugement porté sur le fait de porter un Evangile ou un Bible pour un musulman
    Sujet de Fatwa : Le jugement porté sur le fait de porter un Evangile ou un Bible pour un musulman
    Numéro de Fatwa : 29
    Date : Mardi 8 Rajab  1422 Hâ' Le 25 Septembre 2001 Mîm
    Source de Fatwa : Fatawa le Cheikh Muhammad Ibn Salih Al-`Uthaymin, member de la comité des grands ulémas
    Référence de Fatwa : [Question numéro: 5, premier volume, page: 32]
      Questions :
     
    <question style="font-size: 12px; ">Le cheikh Muhammad As-Sâlih Al-`Uthaymîn (qu'Allah lui accorde Sa miséricorde) a été interrogé s'il était permis au musulman d'avoir en sa possession un exemplaire de l'Evangile pour avoir connaissance des paroles adressées par Allah à Son serviteur et Son envoyé, Jésus (que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui)?</question>
      Réponse :
    <answer style="font-size: 12px; ">

    Son excellence a répondu en disant: il n'est pas permis d'avoir en sa possession aucun des livres révélés avant le Coran, comme l'Evangile, la Torah ou autres, pour deux raisons:

    La première: Tout ce qui peut porter un profit, Allah, qu'Il soit Loué et Exalté, l'a bien montré dans le Saint Coran.

    La deuxième: Le Coran contient tout ce qui dispense de recourir à tous ces livres, conformément à ces versets: Le jugement porté sur le fait de porter un Evangile ou un Bible pour un musulman "Il a fait descendre sur toi le Livre avec la vérité, confirmant les Livres descendus avant lui". [Al-`Imrân: 3] Le jugement porté sur le fait de porter un Evangile ou un Bible pour un musulman . et Le jugement porté sur le fait de porter un Evangile ou un Bible pour un musulman "Et sur toi (Muhammad) Nous avons fait descendre le Livre avec la vérité, pour confirmer le Livre qui était là avant lui et pour prévaloir sur lui. Juge donc parmi eux d'après ce qu'Allah a fait descendre". [Al-Mâ'ida: 48] Le jugement porté sur le fait de porter un Evangile ou un Bible pour un musulmanDonc, tout le bien que comporte les Livres précédemment révélés, est contenu dans le Coran.

    Quant aux dires de celui qui a posé la question, qui veut savoir les paroles qu'Allah a adressées à Son serviteur et Son prophète Jésus, Allah nous a mentionné dans le Coran ce qui pouvait nous profiter de ces entretiens, donc, aucune utilité à rechercher ailleurs. De plus, l'Evangile qui existe de nos jours est altéré. La preuve en est qu'il y a quatre évangiles dont les uns contredisent les autres et ne forment pas un seul évangile. Alors, on ne peut pas s'y référer.

    Seul l'étudiant qui dispose d'un savoir lui permettant de distinguer le vrai du faux, peut chercher à connaître ces paroles entretenues entre Allah et Jésus, pour pouvoir réfuter les fausses parmi elles et avancer des arguments massues à ceux qui y croient.

    </answer>

     


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    Le déroulement du service funèbre en islam

     

    dimanche 13 mai 2007

     

    Question

    Que la paix soit sur vous.

    Pourriez-vous nous indiquer les étapes du service funèbre en islam ? Que Dieu vous en rétribue.

    Réponse de Sheikh Ahmad Kutty

    Les funérailles islamiques se déroulent comme suit :

    1. Immédiatement après que la mort est survenue et qu’elle a été dûment vérifiée, les yeux du défunt sont fermés ; la bouche et les mâchoires sont maintenus fermées délicatement à l’aide d’un large bandage ou de pièces de tissus de manière à ce qu’elles ne restent pas grandes ouvertes ; les jambes doivent être attachées de la même façon. La dépouille doit être couverte, et doit le rester en permanence, à l’aide d’un drap blanc de préférence.
       
    2. La famille endeuillée et les amis proches doivent être réconfortés ; on doit partager leur peine et les aider autant que faire se peut à faire face à leur perte avec patience et acceptation du décret divin.
       
    3. Il faut prendre les dispositions nécessaires à l’enterrement sans attendre ; la parentèle et les amis doivent en être informés. La dépouille ne doit pas être maintenue en attente inutilement.
       
    4. Les proches parents et les amis doivent se charger de faire à manger pour la famille du défunt pendant les trois jours suivants le décès.
       
    5. Les funérailles islamiques consistent à laver le défunt, à l’envelopper dans un linceul et à prier pour lui.
       
    6. Il est préférable que le lavage soit pris en charge par les proches parents ; les hommes lavent les hommes et les femmes lavent les femmes, exception faite des époux et des parents et leurs enfants qui peuvent se laver les uns les autres. Si aucun proche parent n’est présent pour mener cette tâche à bien, alors les gens pieux et de confiance peuvent être sollicités pour l’accomplir.
       
    7. Après le lavage de la dépouille, elle doit être enveloppée dans trois draps (s’agissant d’un homme) ou dans cinq draps (s’agissant d’une femme).
       
    8. Ensuite la prière funèbre est accomplie. Elle peut se tenir dans une mosquée ou dans un funérarium.
       
    9. Pendant la prière funèbre, le cercueil est posé devant l’imam qui mène la prière, devant les autres orants.
       
    10. La prière funèbre comprend la glorification et les louanges à Dieu, les bénédictions sur le Prophète — paix et bénédictions sur lui — et les invocations en faveur du défunt et en faveur des vivants.
       
    11. Après la prière, la dépouille est escortée jusqu’au cimetière. Pendant la procession funèbre, le silence est de rigueur car l’on considère que c’est le moment de méditer sur la mort et sur le caractère éphémère de cette vie.
       
    12. Le corps est descendu délicatement dans la tombe accompagné de la prière suivante : « Bismillâh, wa `alâ millat rasûlillâh sallâ Allâhu `alayhi wa sallam. Minhâ khalaqnâkum wa fihâ nu`îdukum wa minhâ nukhrijikum târatan ukhrâ » (Au nom de Dieu et sur la voie du Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui —. C’est d’elle (la terre) que Nous vous avons créés, et en elle Nous vous retournerons, et d’elle Nous vous ferons sortir une fois encore. [1])
       
    13. Puis, chacun prend trois poignées de terre et les jette dans la tombe en répétant la prière précitée.
       
    14. Une fois que la tombe est complètement recouverte de terre, d’autres prières sont dites demandant à Dieu de faire miséricorde au défunt.
       
    15. Enfin, on dit adieu au défunt en lui souhaitant de reposer en paix ainsi que tous les gens enterrés dans le cimetière : « Que la paix soit sur vous. Nous vous rejoindrons à notre tour par la volonté de Dieu. Que Dieu vous pardonne ainsi qu’à nous tous. »
       
    16. Par la suite, on entretient le souvenir de nos défunts par des visites périodiques à leur tombe et par les prières proférées en leur faveur.

    Et Dieu est le plus Savant.

     

     

    P.-S.

     

     

    Traduit de l’anglais du site islamonline.net.

    Notes

    [1] Sourate 20, Tâha, verset 55.

     

     

     

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    La musique est-elle permise en Islam... ?
     
    Proposé par Mouhammad Patel le Mardi, 28 Août 2001

    La musique est-elle permise en Islam... ?

    La musique est-elle permise en Islam... ?

    En ce qui concerne la position de l'Islam par rapport à la musique et les chants, une excellente étude a été rédigée en arabe par l'un des plus grands savants pakistanais de l'école hanafite de ces dernières années, en l'occurrence Moufti Chafi' r.a. (père du non moins illustre savant contemporain, Moufti Taqi Ousmâni). Cette étude, intitulée "Kachfoul Anâ 'an wasfil Ghinâ" et qui est en fait un chapitre de l'ouvrage "Ahkâmoul Qour'aane lit Thânwi" (Pages 203 à 260 / Volume 3), a le mérite de regrouper plusieurs dizaines de Hadiths portant sur la question, ainsi que de nombreux avis émis par les Compagnons (radhia allâhou anhou) et les savants des différentes écoles de jurisprudence. Comme il ne m'est malheureusement pas possible de traduire ce texte dans son intégralité, je me contenterai d'en faire une petite synthèse et surtout, de citer les conclusions de Moufti Chafi' r.a.

    Dans son introduction, l'auteur reconnaît lui-même que certains aspects de cette question a fait (et fait encore) l'objet de nombreuses controverses. Ces divergences entre les savants tiennent surtout du fait que les références religieuses présentent des contradictions apparentes à ce sujet: Tandis que certains textes interdisent clairement la musique et les chants, d'autres, au contraire, laissent supposer que cette interdiction est seulement partielle.

    Dans un premier temps, on va donc voir quelques passages du Qour'aane ainsi qu'un certain nombre de Hadiths portant sur la musique et les chants. On débutera par les textes faisant allusion à leur interdiction.



    Versets du Qour'aane interdisant la musique.

    • Selon les commentateurs du Qour'aane, le verset suivant constitue une mise en garde à l'égard de ceux qui s'adonnent à la musique:

    "Et, parmi les hommes, il est [quelqu'un] qui, dénué de science, achète deplaisants discours pour égarer hors du chemin d'Allah et pour le prendre en raillerie. Ceux-là subiront un châtiment avilissant." (Sourate 31 / Verset 6)

    Selon de nombreux Compagnons (radhia allâhou anhoum), le terme "plaisant discours" employé par Allah concerne la musique et les chants. Tel est notamment le commentaire rapporté de Ibné Mas'oud (radhia allâhou anhou)(Moussannaf Ibné Aby Chaybah, Hâkim, Bayhaqi) et de Ibné Abbâs (radhia allâhou anhou) (Bayhaqi)

    • Dans un autre verset du Qour'aane, Allah fait allusion à la voix de Satan:

    Et lorsque Nous avons dit aux Anges : "Prosternez-vous devant Adam", ils se prosternèrent, à l'exception d'Iblis, qui dit : "Me prosternerai-je devant quelqu'un que tu as créé d'argile ? "

    Il dit encore : "Vois-Tu ? Celui que Tu as honoré au-dessus de moi, si Tu me donnais du répit jusqu'au Jour de la Résurrection; j'éprouverai, certes sa descendance, excepté un petit nombre [parmi eux]".

    Et [Allah] dit : "Va-t-en ! Quiconque d'entre eux te suivra ... votre sanction sera l'Enfer, une ample rétribution.

    Excite, par ta voix, ceux d'entre eux que tu pourras, rassemble contre eux ta cavalerie et ton infanterie, associe-toi à eux dans leurs biens et leurs enfants et fais-leur des promesses". Or, le Diable ne leur fait des promesses qu'en tromperie.

    Quant à Mes serviteurs, tu n'as aucun pouvoir sur eux". Et ton Seigneur suffit pour les protéger ! (Qour'aane)

    Le célèbre commentateur du Qour'aane, Moudjâhid r.a. (disciple de Ibné Abbas (radhia allâhou anhou) ) affirme que la voix de Satan n'est rien d'autre que la musique et les chants.

    Hadiths interdisant la musique.

    (Il est à noter que parmi les Hadiths qui vont être cités, l'authenticité de certains a fait l'objet de débats entre les savants. Cependant, dans l'ensemble, le sens de ces différentes Traditions est plus ou moins confirmé. C'est la raison pour laquelle les juristes ne les ont pas complètement rejetés.)

    Hadiths en arabe:

    La musique est-elle permise en Islam... ?

    La musique est-elle permise en Islam... ?

    La musique est-elle permise en Islam... ?

    La musique est-elle permise en Islam... ?

    La musique est-elle permise en Islam... ?



     

    Traduction des Hadiths:

    Abou Mâlik Al Ach'ari (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Il y aura parmi ma "oummah" (communauté) des gens qui considéreront le vin, le porc, la soie (pour les hommes) et les instruments de musique ("ma'âzif") comme étant licites." (Boukhâri)

    Dans une autre version, il est dit: "Des gens de ma communauté consommeront du vin en lui donnant une autre appellation. Des instruments de musique seront joués devant eux, et des chanteuses (seront également présentes). Allah les ensevelira dans le sol et transformera certains d'entre eux en singes et en porcs." (Ibné Mâjah)

    Nâfi' r.a. raconte que Abdoullah Ibné Oumar (radhia allâhou anhou) entendit (lors d'un voyage) la flûte d'un berger. Il plaça alors ses doigts dans ses oreilles et écarta sa monture de la route en disant: "Nâfi' ! Nâfi' ! Entends-tu encore (le son de la flûte)?" Je répondis:"Oui." Il continua à avancer jusqu'à ce que je lui répondis: "Non." Il leva alors ses mains et ramena sa monture vers la route et dit: "J'étais en présence du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lorsqu'il entendit la flûte d'un berger. Il fit alors exactement la même chose (que je viens de faire)." (Ahmad, Abou Dâoûd, Ibné Mâja).

    Abdoullah Ibné Oumar (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "En vérité, Allah a interdit le vin, les jeux de hasard, le tambour et le "Ghoubayrâ" (instrument à six cordes, luth ou autre instrument de musique.)" (Ahmad et Abou Dâoûd).

    Un autre Hadith similaire est rapporté par Ibné Abbas (radhia allâhou anhou). (Ahmad)

    Imrân Ibné Houssayn (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Il y aura dans cette communauté des ensevelissements, des défigurations et des lapidations (autre traduction possible: bombardements)." Un musulman demanda: "O Envoyé d'Allah ! Quand aura lieu cela ?" Il dit: "Lorsque proliféreront les chanteuses, les instruments de musique et lorsque sera bu le vin." (Tirmidhi: Hadith Gharîb)

    Abou Houraïra (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Lorsque (…) les voix s'élèveront dans les mosquées, le dirigeant d'un peuple sera le plus grand pécheur parmi eux, les gens de confiance seront les plus vils, on respectera un homme par crainte de ses méfaits (et non pas pour ses qualités), les chanteuses et les instruments de musique apparaîtront, le vin sera bu et (lorsque) la dernière partie de cette communauté maudira la première partie (c'est à dire les premiers musulmans, comme les Compagnons (radhia allâhou anhoum) et les Tâbéïnes r.a.) : alors attendez-vous à ce moment à ce qu'un vent rougeâtre, des tremblements de terre, des ensevelissements, des défigurations, des lapidations voient le jour, ainsi que signes qui se suivront successivement, à l'instar des grains d'un chapelet qui s'est brisé tombent, les uns après les autres." (Tirmidhi)

    Abou Oumamah (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Allah m'a envoyé comme miséricorde et guidée pour les mondes. Et Il m'a ordonné de faire disparaître les "mazâmîr", les "barâbit" et les "ma'âzif" (différents instruments de musique), ainsi que les idoles qui étaient adorées durant l'Ignorance ("Al Djâhiyliyah") ." (Ahmad)

    Ibné Mas'oud (radhia allâhou anhou) rapporte: "La musique fait pousser l'hypocrisie ("Nifâq") dans le cœur." (Abou Dâoûd et Bayhaqui). Des propos semblables sont rapportés de Abou Houraïra (radhia allâhou anhou).

    Anas (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Celui qui s'assoit pour écouter une chanteuse aura du plomb fondu coulé dans les oreilles le Jour Final." (Abou Ishâq An naïsâboûri r.a.)

    Ibné Mas'oud (radhia allâhou anhou) raconte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) entendit un homme chanter la nuit. Il dit: "Pas de prière pour lui ! Pas de prière pour lui ! Pas de prière pour lui ! (C'est à dire que ses prières ne sont pas acceptées.) " (Abou Ishâq)

    Abou Houraïra (radhia allâhou anhou) rapporte que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a dit: "Ecouter (individuellement) les instruments de musique est un péché. Se rassembler pour le faire est un péché plus grave ("Fisq"). Y prendre du plaisir est du "Koufr" (Les savants ont traduit ici le terme "Koufr" par manque de reconnaissance envers les bienfaits de Dieu)." (Abou Ishâq)

    Ali (radhia allâhou anhou) cite ceci du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "J'ai été envoyé pour briser les instruments de musique." (Ibné Ghaylân)

    Oumar (radhia allâhou anhou) rapporte du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam): "Le salaire du chanteur et de la chanteuse est illicite." (Tabrâni)

    Il s'agissait donc là de certains textes qui interdisent, de façon plus ou moins claire, la musique. Dans son étude, Moufti Chafi' r.a. mentionne par la suite beaucoup d'autres Hadiths, qui, contrairement à ceux cités ci-dessus, laissent supposer que certains types de musique sont permis. On trouve par exemple les deux Hadiths suivants :



    Hadiths autorisant certains types de musique.

    Hadiths en arabe:

    La musique est-elle permise en Islam... ?

    Traduction des Hadiths:


    Bouraïdah (radhia allâhou anhou) dit: Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) partit une fois pour une campagne militaire. A son retour, une jeune fille noire vint le voir et dit: "O Envoyé d'Allah ! J'avais formulé le vœu que si Allah vous ramenait sain et sauf, je jouerai du "Douff" (il s'agit d'une sorte de tambourin, qui existait déjà à l'époque du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) et qui était employé aussi bien pour la musique que lors des proclamations et annonces publiques) en votre présence et je chanterai." Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui dit: "Si tu as réellement fait ce vœu, alors tu peux jouer… Au cas contraire, non." Elle commença alors à le faire. Abou Bakr (radhia allâhou anhou) entra et elle continua à jouer. Puis Ali (radhia allâhou anhou) entra et elle continua encore. Ce fut ensuite au tour de Ousmân (radhia allâhou anhou) d'arriver et elle ne s'arrêta pas. Enfin, Oumar (radhia allâhou anhou) entra: Elle cacha alors son "Douff" sous elle et s'assit dessus. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) fit alors la réflexion suivante: "Satan a peur de toi, O Oumar ! J'étais assis et elle était en train de jouer du "douff". Abou Bakr (radhia allâhou anhou) est entré et elle a continué à jouer. Puis Ali (radhia allâhou anhou) est arrivé et elle a continué encore. Ce fut ensuite au tour de Ousmân (radhia allâhou anhou) d'arriver et elle ne s'est pas arrêtée. Enfin, lorsque tu es entré, O Oumar, elle a caché le "Douff" ! " (Ahmad et Tirmidhi)

    Aïcha (radhia allâhou anhou) raconte que Abou Bakr (radhia allâhou anhou) est entré chez moi une fois, alors que deux fillettes parmi les "Ansârs" étaient présentes. Elles étaient en train de chanter les actes (de courage et de bravoure) des "Ansârs" lors de la bataille de "Bou'ath". Mais elles n'étaient pas dé véritables chanteuses. Abou Bakr (radhia allâhou anhou) dit alors: "Quoi ? Des instruments (de musique) de Satan dans la maison de l'Envoyé d'Allah ?" C'était le jour de Ide. Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) dit:"O Abou Bakr ! Chaque peuple a sa fête et c'est aujourd'hui la notre." (Boukhâri)



    Tentative de conciliation entre ces différents textes.

    Après avoir cité ces nombreuses Traditions qui sont en apparente contradiction, Moufti Chafi' présente l'explication suivante pour tenter de les concilier.

    Tout d'abord, il rappelle qu'Allah a crée la terre, ainsi que tout ce qu'elle contient, au profit de l'être humain, comme Il le proclame Lui-même dans le Qour'aane:

    "C'est Lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur la terre…" (Sourate 2 / Verset 29)

    Il a donc autorisé à l'homme de jouir et de tirer profit de la création dans son ensemble, exception faite des choses qui lui sont nuisibles et mauvaises. A l'égard de ces dernières, Allah a mis en garde l'être humain et l'a interdit de s'en approcher. C'est ceci qui explique que dans toute chose, la permission prime, tant qu'il n'y a pas d'interdiction formelle ou de prohibition qui soient exprimées par le Créateur. C'est ce concept qui est connu dans le vocabulaire religieux sous l'appellation de "Al Ibâhatoul Asliyah""la permission originelle". Cette permission originelle ne s'applique pas seulement aux objets, mais aussi aux actes, aux comportements etc… En d'autres mots, tout ce qui est interdit par Allah est forcément mauvais. Mais ce n'est pas tout. Allah étant le Sage par excellence, il a non seulement interdit à l'homme les mauvaises choses, mais Il lui a aussi interdit de s'approcher de tout ce qui pourrait le conduire progressivement vers celles-ci.

    En résumé donc, la "Chariah" n'a pas interdit à l'homme de profiter des bonnes choses et des plaisirs licites de la Création. Ce qu'il a interdit, ce sont les mauvaises, ou tout ce qui pourrait y conduire. A partir de là, on peut comprendre que les interdits en Islam peuvent être de deux types différents:

    1. Il y a les éléments qui sont mauvais en eux-mêmes ("Qabîh li Aynihi"), comme l'infidélité ("Koufr"), le polythéisme, l'adultère etc… Ce genre de choses n'a jamais été permis dans aucune religion et à aucun moment de l'Histoire.
    2. Il existe aussi cependant d'autres éléments qui ne sont pas mauvais en eux-mêmes, mais qui le deviennent parce qu'ils conduisent au mal et au péché ("Qabîh li ghayrih"). C'est le cas par exemple de l'interdiction qui frappe toutes formes de transaction commerciales lorsque l'appel de la prière du Vendredi a été lancée. En fait, les transactions en elles-mêmes à ce moment ne renferment pas de mal, mais comme elles représentent un obstacle empêchant au croyant de partir pour la prière du vendredi, c'est la raison pour laquelle elles ont été interdites. Ce deuxième catégorie de choses n'ont pas été (et ne sont pas) toujours interdites. Elles peuvent devenir permises dans certains cas…

    Moufti Chafi' r.a. affirme que la musique fait, tout à fait logiquement, partie de la seconde catégorie ("Qabîh li ghayrih") . En effet, l'interdiction prononcée par le Qour'aane et le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) à son égard tient du fait qu'elle détourne progressivement de la pensée d'Allah et même des choses essentielles de la vie. Cette interdiction porte donc sur les instruments qui n'ont pas d'autres fonctions que de produire de la musique et des sons mélodieux (comme la flûte etc...) et qui ne sont donc que des objets de divertissement ("lahw wa laïb") , sans aucune utilité pratique au niveau matériel ou spirituel. De même, les chants qui ont pour effet de faire oublier à l'homme la vie future sont également concernés par l'interdiction, même s'ils ne sont pas accompagnés de musique. C'est en ce sens qu'il faut interpréter les Hadiths qui condamnent sévèrement la musique.

    Par contre, en ce qui concerne les instruments qui ont aussi bien une fonction musicale qu'une autre fonction, comme c'est le cas du "douff" notamment, qui était employé également lors des proclamations et des annonces, le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) a autorisé leur emploi dans certaines situations et sous certaines conditions. Les Hadiths faisant allusion au caractère licite de certains instruments concerne donc ces cas spécifiques.

    Cette classification lève ainsi toute contradiction entre les différents Hadiths et elle est tout à fait conforme à la logique islamique: Prendre le bon aspect de chaque chose, en délaissant ce qui pourrait nuire à l'être humain ou le détourner de l'essentiel.

    Moufti Chafi' r.a. mentionne par la suite les avis de nombreux Compagnons (radhia allâhou anhoum) au sujet de la musique, ainsi que de très nombreux passages relatant les avis des savants des quatre écoles sur la question. Après quoi, il fait une synthèse de tous ces avis dans la conclusion de son étude. Voici, en quelque sorte, le résultat de ses recherches:

    Conclusion et synthèse des avis juridiques sur la question de la musique et des chants.

    • Il y a certains types de musique et de chants au sujet desquels il y a unanimité entre les savants des quatre écoles de jurisprudence (mâlékite, hanafite, châféite et hambalite) * sur leur interdiction (Il est à noter que le mot employé par les juristes sur ce point pour désigner l'interdiction est bien "Harâm" et non pas "Makrouh")Les voici:
      • Tout chant n'ayant pas d'autre cadre et objectif que la distraction et le divertissement, sans aucun but acceptable au niveau religieux ou mondain est interdit, qu'il soit accompagné de musique ou non.
      • L'emploi d'instruments crées uniquement dans un but musical et n'ayant pas d'autres fonctions est interdit, qu'il soit accompagné de chants ou non.
      • Tout chant ou musique conduisant à la négligence (à l'égard des devoirs religieux) ou au péché est interdit.
      • De faire carrière dans la musique et la chanson.

    Il y a donc unanimité entre les savants musulmans sur l'interdiction de ces quatre formes de musique et de chants. Les Hadiths qui interdisent la musique s'applique donc à ces quatre éléments.

    • Il existe d'autres types de musique au sujet desquels il y a unanimité des savants sur leur caractère licite. Les voici:
      • Le chant de celui qui affine sa voix et l'embellit légèrement et de façon naturelle, sans s'efforcer de suivre les rythmes musicaux, et donc d'imiter les chanteurs, à condition que cela ne soit pas seulement par distraction et divertissement. Il faut que le chant soit motivé par une raison valable: comme le fait d'éloigner un sentiment de solitude, pour faciliter un long voyage, pour se donner du courage quand on fait un travail éprouvant, pour endormir un enfant, pour exciter sa monture, pour éloigner sa déprime, à condition également que les paroles prononcées ne contiennent rien d'interdit et à condition que l'on n'en fasse pas une habitude. Ce type de chants est tout à fait permis.
      • Il également permis d'accompagner ces chants par le "douff" (qui, rappelons-le, n'est pas un instrument purement musical), en certaines occasions spéciales, comme les mariages, les occasions joyeuses, les jours de fête etc…

    Encore une fois, il y a unanimité entre les savants musulmans sur le caractère licite de ces deux choses, comme le rappelle également l'Imâm Ghazâli r.a. dans son ouvrage "Al Ihyâ" (Volume 2 / Pages 238 et suivantes). Les Hadiths qui autorisent les chants s'appliquent donc à ces deux éléments.

     

    • Enfin, il existe certains points sur lesquels les avis des savants divergent:
      • L'emploi du "douff" dans des occasions autres que celles mentionnées ci-dessus.
      • L'emploi du "douff" auquel sont attachées des clochettes.
      • L'emploi du "Qadhîb" (des baguettes de tambour) lors d'un mariage ou autre…
      • L'emploi des autres choses qui ne sont pas des instruments purement musicaux et qui ne produisent pas de sons mélodieux ("Moutribah") tant qu'ils ne sont pas accompagnés par des chants. Exemples: le frappement des mains, le battement sur une jarre etc… D'après certains savants de l'école châféite (comme Al Ghazâli r.a.), ces choses sont permises; la majorité des savants des quatre écoles cependant les considèrent comme "Makrouh" (déconseillé, blamâble).

    Reste maintenant la question de savoir ce qu'on doit faire quand on se trouve à un endroit où il y a de la musique interdite… A ce sujet, selon mon humble opinion, la conduite à tenir est de ne pas prêter l'oreille volontairement et de détourner son attention de cette musique. On doit également essayer, dès que possible, de quitter cet environnement musical. En agissant ainsi, Incha Allah, on peut espérer que l'on n'aura pas de péchés.

    Wa Allâhou A'lam !

    Dieu est Plus Savant !

    Note: Il est à noter cependant que les "Dhâhérites", avec à leur tête Ibnou Hazm r.a., le célèbre savant andalou, ont une opinion différente de celle de l'écrasante majorité des savants sur la question de la musique... Retour

     


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    La mort, la réalité oubliée

     

    dimanche 15 mai 2005

     

    Ce texte est le sermon du vendredi prononcé par le Sheikh Muhammad Sa`îd Ramadân Al-Bûtî le 23 avril 2004 en Syrie. Nous avons omis les invocations finales achevant le sermon.

    Louanges à Dieu moult fois renouvelées. Louanges à Dieu à la hauteur de Ses bienfaits et de Son supplément de Faveur. Seigneur, louanges à Toi comme il se doit pour Ta Face honorée et la Magnificence de ton Pouvoir. Gloire à Toi Seigneur ; je ne suis point capable de Te louer comme il convient ; Tu es Tel que Tu T’es loué Toi-Même. J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allâh, l’Unique sans associé. Et j’atteste que notre maître et Prophète Muhammad, est le Serviteur, le Messager, l’Élu et le Proche Ami de Dieu. Il est le meilleur Prophète jamais envoyé par Dieu. Dieu l’a envoyé au monde entier en guise d’annonciateur de la bonne nouvelle et en guise d’avertisseur. Seigneur, accorde Ta prière, Ta paix et Tes bénédictions, à notre maître Muhammad, ainsi qu’à sa Famille, une prière et une paix permanentes et indissociables jusqu’au Jour Dernier. Je vous enjoins — ô musulmans — ainsi qu’à ma personne pécheresse, la crainte d’Allâh — Exalté soit-Il.

    Serviteurs de Dieu,

    Je vais vous entretenir aujourd’hui d’un sujet que nombre de gens rechignent souvent à aborder, et dont maintes personnes n’aiment pas entendre parler : il s’agit de la mort.

    Il est consternant de voir comment une personne croyant en Dieu et en Son Messager rechigne à parler de la mort ou se sent mal à l’aise lorsque le sujet est évoqué. Pourtant, le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — a dit : « Rappelez-vous constamment le démolisseur des plaisirs et le diviseur des groupes, car chaque fois qu’on l’évoque devant une grande quantité, celle-ci s’amoindrit, et chaque fois qu’on l’évoque devant une petite quantité, celle-ci prend de l’ampleur », c’est-à-dire que chaque fois que la mort est évoquée devant une grande quantité de péchés, de déviances et de passions, cela a pour effet de les amoindrir en nombre, et chaque fois qu’elle est évoquée devant une petite quantité d’œuvres pies et d’actes de culte, cela a pour effet de leur donner plus d’ampleur.

    Se souvenir de la mort tout en connaissant sa réalité est de nature à limer les griffes de l’iniquité et à briser les crocs de l’injustice et de la tyrannie. Se souvenir de la mort tout en connaissant sa réalité est de nature à éradiquer la corruption sous toutes ses formes au sein de la société. Se souvenir de la mort tout en connaissant sa réalité est de nature à soigner les mœurs. Qui pourrait bien nous indiquer un moyen permettant de soigner les mœurs des sociétés ? Combien de chercheurs en sciences sociales aimeraient trouver cette recette ? Comment les sociétés, tant les individus que les collectivités, pourraient-elles se parer de valeurs humaines morales si elles se détournent de la mort, l’ignorent, et oublient qu’elles ont un rendez-vous avec elle ? C’est pourquoi l’Élu — paix et bénédictions sur lui — a dit : « Rappelez-vous constamment le démolisseur des plaisirs et le diviseur des groupes, car chaque fois qu’on l’évoque devant une grande quantité, celle-ci s’amoindrit, et chaque fois qu’on l’évoque devant une petite quantité, celle-ci prend de l’ampleur ».

    Chers frères, le souvenir de la mort est le frein qui vous permet d’avancer sur une pente l’esprit tranquille, sans craindre de tomber, de vous écraser et de périr. Chacun sait que lorsqu’on s’apprête à s’engager sur une pente, on s’assure avant de se lancer d’avoir un frein pour réguler la progression.

    Pour cette raison précise, le verbe divin fait montre d’une étonnante précision en ce qu’il mentionne la mort avant la vie, alors que nous savons tous que la mort, aussi bien au plan de son apparition matérielle, qu’au plan chronologique, ne vient qu’après la vie. Mais Dieu — Exalté soit-Il — veut nous enseigner que la mort, bien qu’intervenant après la vie, est le frein qui garantit la sécurité de l’homme dans son cheminement vers Dieu. C’est pourquoi Il dit : « Gloire à Celui Qui détient la Royauté : Il est Omnipotent. Celui Qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver pour voir qui parmi vous accomplira les meilleures œuvres. C’est Lui le Puissant, le Pardonneur. » [1]

    Je souhaite donc vous entretenir d’un sujet dont beaucoup de gens rechignent à parler et qui met mal à l’aise toutes ces personnes grisées qui se vautrent dans leurs désirs et leurs passions, et qui rivalisent d’avidité pour amasser les débris insignifiants de ce bas-monde terrestre. Non, nous devons écouter ce que le Messager — paix et bénédictions sur lui — dit à ces gens qui détestent la mort avec laquelle ils ont un rendez-vous certain. Le Très-Haut n’a-t-Il pas dit : « Dis : "La mort que vous fuyez va certes venir à votre rencontre." » [2] N’at-Il pas dit : « Toute âme goûtera la mort. Mais c’est seulement au Jour de la Résurrection que vous recevrez votre entière rétribution. » [3] N’a-t-Il pas dit à Son bien-aimé Élu :« Certes, tu mourras et ils mourront également. » [4]

    Mais qu’est-ce donc que la mort, chers frères ? Quelle est cette mystérieuse raison qui fait que beaucoup de gens n’aiment pas en entendre parler et sont mal à l’aise lorsqu’elle est évoquée ? Beaucoup de gens s’imaginent que la mort est un néant, à l’image d’une lampe qui éclairait une pièce habitée, puis qui s’éteint, plongeant la pièce dans une obscurité totale. La mort est-elle ainsi ? À Dieu ne plaise. Cette conception de la mort est une contagion qui nous est parvenue d’Occident. Combien nombreux sont les mythes et les chimères qui nous sont parvenus d’Occident et que nous adoptons avec fierté ! Pour les Occidentaux, la mort c’est le néant. C’est pour cette raison que l’on dit aujourd’hui qu’untel a été condamné à l’anéantissement (i`dâm) pour dire qu’il a été condamné à mort. Mais en réalité, la mort n’a jamais été synonyme d’anéantissement.

    Qu’est-ce donc que la mort, chers frères ? La mort est la troisième d’une série de quatre étapes prescrites par Dieu — Exalté soit-Il — et que l’homme doit traverser au cours de sa vie. Ô fils d’Adam, tu as rendez-vous avec quatre étapes tout au long de ta vie :

    1. La première étape est la vie fœtale pendant laquelle le fœtus est dans le monde utérin ;
    2. La deuxième étape est la vie terrestre dans laquelle nous évoluons aujourd’hui ;
    3. La troisième étape est la vie d’outre-tombe (al-hayâh al-barzakhiyyah), avec laquelle nous avons rendez-vous incessamment sous peu ;
    4. La quatrième et dernière étape est la vie dans l’au-delà.

    Chacune de ces quatre étapes est plus consistante et plus étendue que la précédente. La vie terrestre est bien plus étendue que la vie dans le monde utérin où nous évoluions. De même, la vie d’outre-tombe est beaucoup plus étendue et plus consistante que cette vie terrestre.

    Je vais donc vous tenir un discours scientifique afin que vous compreniez que ces gens qui rechignent à parler de la mort et qui la fuient, sont ainsi parce qu’ils vivent dans des nids de légendes. Quant à nous, nous fuyons les légendes au profit des réalités scientifiques. L’homme a deux dimensions, qu’il vive à la surface de la terre dans la vie terrestre, ou dans les entrailles de la terre dans la vie d’outre-tombe. Dans ces deux situations, il a deux dimensions : il est constitué d’un corps et d’un esprit. Dans le monde terrestre où nous vivons, l’esprit est prisonnier de son enveloppe charnelle. L’esprit qui nous anime ne peut se mouvoir que dans la limite de la mobilité du corps. Lorsque nous passons à la vie d’outre-tombe, la situation s’inverse. Le corps devient dépendant de l’esprit. L’esprit s’affranchit de la prison où il était retenu tout au long de notre vie terrestre. L’esprit ressemble alors à ce soleil rayonnant en plein jour : il est détaché de la terre dans son essence, mais il lui est lié par ses rayons. De même, l’esprit du défunt est détaché de son corps dans son essence, mais il reste lié à lui quel que soit son emplacement, et malgré la dispersion de son rayonnement.

    Ainsi se réalise le sens du supplice de la tombe que peut subir l’être humain, mais aussi la félicité de la tombe qu’il peut connaître. Le verbe divin est donc parfaitement véridique lorsqu’Il relate dans la sourate Yâ-Sîn l’histoire de cet homme croyant qui exhortait son peuple à croire en Dieu et qui a été assassiné. Que dit le Très-Haut à son sujet ? « On lui dit : "Entre au Paradis". Il dit : "Ah si seulement mon peuple savait que mon Seigneur m’a pardonné et mis au nombre des bienheureux ". » [5] Cela a-t-il lieu le Jour de la Résurrection ? Non, cela a lieu durant la vie d’outre-tombe. La preuve en est cette parole prononcée par ce croyant : « Ah si seulement mon peuple savait que mon Seigneur m’a pardonné et mis au nombre des bienheureux ». Le verbe divin est tout aussi véridique lorsqu’il évoque le sort de Pharaon et de son parti : « Ils sont exposés au Feu matin et soir » [6]. Puis Dieu poursuit en disant : « Et le jour où l’Heure arrivera, il sera dit : "Faites entrer le parti de Pharaon au plus terrible des supplices". » [6] La mort n’est pas le néant, chers frères. La mort est une existence encore plus consistante, plus étendue et plus effective que la vie que nous menons aujourd’hui.

    La mort est-elle une tragédie ?

    Cela n’est pas le cas. Lorsque Dieu — Exalté soit-Il — qualifie la mort de tragédie dans le verset « et que vous êtes touchés par la tragédie de la mort » [7], Il ne parle pas de la tragédie de la personne qui quitte ce bas-monde, mais de celle de ses proches, de ses amis et de sa famille à qui le défunt va tellement manquer. Les vivants qui font leurs adieux à leurs amis ou à leurs proches éprouvent une sensation de manque, de douleur, de tristesse et d’affliction. La tragédie résulte de cette séparation. Mais qui en fait les frais ? Ce n’est point le défunt qui en est affecté, mais bien les vivants qui ont perdu des êtres chers. Quant au défunt, c’est lui qui donne à la mort sa signification. S’il le souhaite, il peut en faire une fête avec laquelle il a un rendez-vous. Et s’il le souhaite, il peut en faire une tragédie avec laquelle il aura aussi pris rendez-vous. La mort n’est pas une tragédie en soi pour le défunt, chers frères. C’est le défunt qui donne son sens à la mort. Quand en fait-il une fête ou, au contraire, une tragédie ? Il fait cela de son vivant dans ce monde terrestre. On a actuellement la possibilité de faire de la mort une fête vers laquelle on se dirige, ou bien une tragédie, et quelle tragédie ! Comment cela ? Eh bien, il faut pour cela que l’on sache comment cheminer vers Dieu — Exalté soit-Il — et quelle attitude adopter pour Le rencontrer demain en étant heureux, satisfait et serein. Si, dans notre cheminement, on se conforme à la voie que Dieu — Exalté soit-Il — nous a enjoint de suivre, si on accomplit les œuvres pies, si on ne sème pas la corruption sur terre, si on n’érige pas ses passions et ses désirs en autant de lois qui nous gouvernent et auxquelles on soumet son être, si on épouse la Loi et les injonctions divines, alors, de cette manière on impose à la mort le sens d’une fête. Et si la mort devait frapper demain à notre porte, on la recevrait sereinement. Le moment où on s’en retournera auprès de Dieu — Exalté soit-Il — sera alors le plus beau moment de notre existence. Mais si on s’écarte de cette voie, et que l’on soumet son être à tout ce que nous dictent nos passions et nos désirs, ces sources de tyrannie, d’injustice, de convoitise et de détournement de la voie humaine que Dieu a agréée pour Ses Serviteurs, il faut savoir alors qu’on aura donné à la mort le sens de la tragédie. Et quelle tragédie ! Véridique est la parole du Messager de Dieu - paix et bénédictions sur lui et sur sa Famille - lorsqu’il dit : « Celui qui aime la rencontre de Dieu, Dieu aime sa rencontre et celui qui déteste la rencontre de Dieu, Dieu déteste sa rencontre. » Le sens de la parole du Prophète — paix et bénédictions sur lui — est le suivant. `Â’ishah, la narratrice de ce hadîth, qui lui demanda : “Est-ce de la mort dont il s’agit, ô Messager de Dieu ? Tout le monde déteste la mort.” Il répondit : “Ce n’est pas de cela dont il s’agit. Lorsque la fin du croyant est proche, il reçoit la bonne nouvelle de la rencontre de son Seigneur et de Son Paradis, si bien que rien ne lui est plus agréable que la mort et la rencontre de Dieu. Et lorsque la fin du mécréant est proche, il reçoit la nouvelle du mépris de Dieu et de Sa colère, si bien que rien ne lui est plus détestable que la rencontre de Dieu — Exalté soit-Il.” [8]

    Telle est la vérité, chers frères. Comme est belle la parole prononcée par Salamah Ibn Dînâr Abû Hâzim — que Dieu l’agrée — lorsqu’il reçut la visite de Sulaymân Ibn `Abd Al-Malik, Calife omeyyade. Ce dernier s’assit devant lui tel un disciple devant son maître, ou encore tel un aspirant devant son Sheikh et lui demanda : “Ô Abû Hâzim, pourquoi détestons-nous la mort ?” Il répondit : “Parce que vous avez soigné votre demeure ici-bas et avez ruiné votre demeure dans l’au-delà. Vous détestez alors de quitter une demeure soignée pour une demeure en ruine.” Le Calife reprit : “Comment irons-nous au devant de Dieu ?” Il répondit : “Le bienfaisant y ira tel l’absent qui retrouve les siens, et le malfaisant y ira tel l’esclave fugitif, que l’on traîne malgré lui.”

    Chers frères, n’est-il pas nécessaire que nous abordions ce sujet dont de nombreuses gens se détournent, afin de faire tout notre possible pour être parmi les bienfaisants ? Ainsi, lorsque nous nous en retournerons demain vers notre Seigneur, notre retour vers Lui sera tel le retour de l’absent qui retrouve les siens ? Ne devons-nous pas nous souvenir de la mort et connaître sa réalité afin de ne pas être parmi les malfaisants et afin de ne pas être tel cet esclave fugitif que l’on traîne vers son maître et qui attend son châtiment ?

    Chers frères, pourquoi ne pas voir notre vie terrestre comme deux hommes, l’un tellement stupide que sa stupidité lui a tissé un malheur éternel, et l’autre, tellement clairvoyant, avisé et réfléchi, que sa clarivoyance lui a tissé un bonheur éternel. De qui s’agit-il ? Le premier est un homme qui loue une maison pour une durée de dix ans, et, non loin, il possède une maison en ruine. Une fois qu’il a emménagé dans sa maison de location, qu’il a apprécié son confort, qu’il s’est plu dans les jardins qui l’entourent et dans ses ornements, il a oublié et négligé sa propriété qui demande des travaux et des réparations. Il s’est roulé dans le confort de sa maison de location, et voici qu’année après année, les dix ans s’écoulent, et le propriétaire de lui dire : “Il est temps pour toi de quitter ma demeure car ton bail est terminé.” C’est seulement à cet instant que l’homme imbécile se souvient que sa demeure bien à lui est un champ de ruines. Il la regarde et l’imagine lui dire : “Je regrette, je ne suis pas prête à te recevoir.” Il n’a alors d’autre recours que de se retrouver à la rue. Mais l’autre homme, avisé et réfléchi, qui habite lui aussi dans sa maison de location jusqu’à un terme déterminé, répartit son temps pendant ces dix années entre la jouissance qu’il retire de sa maison de location et deux ou trois heures par jour qu’il passe à ravaler et à réparer les ruines qui lui appartiennent, et à s’en occuper. Ainsi se sont écoulées les dix années de son bail, pendant lesquelles son temps était réparti entre la part de jouissance qu’il tirait de sa maison de location, et le travail sans relâche à la réhabilitation de la maison qu’il possède. À la fin du bail, le propriétaire de la location est venu lui demander de libérer les lieux, ce qu’il fera de bon cœur et avec gratitude. Lorsque son regard se portera sur son autre demeure, elle sera telle une belle mariée. Elle lui dira alors : “Sois le bienvenu, je suis fin prête à te recevoir.”

    Par Dieu, chers frères, ces deux tableaux retracent notre vie terrestre. Souvent, très souvent, je souhaite pour ma personne, pour tout frère en Dieu, pour tout frère en humanité, d’être comme ce second homme avisé, qui répartit sa vie entre les affaires de sa vie immédiate et sa destinée future vers laquelle il s’achemine, obtenant de cette manière la garantie du bonheur ici-bas et dans l’au-delà et réalisant le sens de la Parole de Dieu — Exalté soit-Il : « Et recherche à travers ce qu’Allah t’a donné, la Demeure dernière. » [9] ;« Et n’oublie pas ta part de ce bas-monde » [8]. N’oublie pas ta part de ce bas-monde : Je ne t’ai point ordonné de t’abstenir de ses plaisirs, mais que ta vie soit telle une balance à deux plateaux, un plateau pour la mort, et un plateau pour la vie. Si tu mènes ta vie en plaçant ton être sous le contrôle de cette balance, tu garantiras pour toi-même le bonheur dans l’immédiat et dans l’au-delà. Mais si tu ne traites avec cette balance qu’à travers un seul de ses plateaux, très vite tu t’attireras le malheur. Si l’humanité se munissait du frein que représente le souvenir de la mort, qui est une garantie pour le cheminement humain véritable dans les sillages de la terre, nous ne verrions aucune tyrannie dans cette vie. Nous ne verrions aucune iniquité, ni aucune arrogance. Nous ne verrions sur la surface de la terre ni corruption ni convoitise. Mais lorsque nous nous détournons de la mort et faisons mine de l’ignorer, lorsque nous nous en détournons lorsqu’elle est évoquée, nous sommes alors tels ces individus que le Messager de Dieu — paix et bénédictions sur lui — nous a décrit : « Si l’être humain possédait une vallée en or, il en voudrait une deuxième, et s’il en possédait deux, il en voudrait une troisième. » Telle est la condition des corrupteurs et des convoiteurs à la surface de la terre. Puis il dit : « Seul le sable remplit la panse de l’être humain. » Une parole éloquente. Que signifie-t-elle ? Une seule chose limera les griffes de ta convoitise, et sera à même de t’arrêter devant une limite, de te stopper à une ligne rouge, pendant que ton avidité te fait courir dans tous les sens : le souvenir de la mort. Le souvenir de la mort et la connaissance de sa réalité te mettent devant cette ligne rouge que tu ne dois pas franchir. Tel est le sens de cette parole prophétique : « Seul le sable remplit le panse de l’être humain. » c’est-à-dire seule la mort — comparée au sable qui ensevelira l’être humain — lui fait passer l’appétit de la convoitise.

    Tel est mon propos. J’implore le Pardon d’Allâh le Majestueux. Implorez Son pardon à votre tour, certes Il vous pardonnera.

     

     

    P.-S.

     

     

    Traduit de l’arabe du site Bouti.com.

    Notes

    [1] Sourate 67, Al-Mulk, La Royauté, versets 1 et 2.

     

     

    [2] Sourate 62, Al-Jumu`ah, Le Vendredi, verset 8.

    [3] Sourate 3, Âl `Imrân, La Famille d’Amram, verset 185.

    [4] Sourate 39, Az-Zumar, Les Groupes, verset 38.

    [5] Sourate 36, Yâ-Sîn, versets 26 et 27.

    [6] Sourate 40, Ghâfir, Le Pardonneur, verset 46.

    [7] Sourate 5, Al-Mâ’idah, La Table servie, verset 106.

    [8Hadîth rapporté par Al-Bukhârî, Muslim, At-Tirmidhî, An-Nasâ’î, Ibn Mâjah, Ahmad, Ad-Dârimî et Al-Humaydî. NdT.

    [9] Sourate 28, Al-Qasas, Le Récit, verset 77.

     

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    Question

     

     

    Qui mérite le plus, selon la Charia, faveurs et soins : la mère qui a enfanté la fille ou celui qui l'a adoptée et l'éduquée depuis qu’elle avait cinq mois  jusqu'à l’âge de dix-huit ans ?  Sachant que la mère n'a joué aucun rôle dans la vie de sa fille.

     

     

    Réponse

     

     

    Louange à Allah.  Paix et salut sur Son Prophète.

    Chère sœur,

     

     

    La mère a un droit incontestable sur sa fille même si elle a négligé son éducation.  Le droit à la bienfaisance et aux bonnes relations qu’elle mérite ne peut être mis en cause,  ni à cause de sa méchanceté, ni à cause de l’abandon de son enfant, ni même à cause de sa mécréance.  Allah, le Très-Haut, a ordonné de traiter les parents avec bienfaisance même s'ils étaient mécréants; Allah, Exalté soit-Il, dit : «Et si tous deux te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable.»  (Coran 31/15)

     

    En outre, lorsqu’on a demandé au Prophète, ,  qui mérite le plus qu'on lui tienne bonne compagnie, il a répondu : «Ta mère».  «Et qui encore?», lui a-t-on dit. Il a dit: «Ta mère». «Et qui encore?», lui a-t-on dit. Il a dit: «Ta mère».

     

    De manière générale, c'est la mère qui mérite le plus la bienfaisance et le bon comportement de la part de ses enfants.  Quant à sa négligence envers sa fille, elle en est responsable devant Allah, le Très-Haut.  Toutefois, cela ne représente pas une raison ni pour la rupture des liens de parenté avec elle, ni pour l'ingratitude à son égard. 

     

    De même, celui qui a pris soin de cette fille mérite qu’elle le traite avec bienfaisance et d'une manière convenable.  Allah, le Très Haut, dit : «Y a-t-il d’autre récompense pour le bien, que le bien?»  (Coran 55/60)

     

    Si celui qui l'a prise en charge est son oncle paternel, il a les droits de l'attention et du lien parental.  Il se peut que la récompense qu'Allah Exalté soit-Il lui réserve soit la cause de sa réussite le Jour de la Résurrection.

     

    En ce qui concerne le fait que l'oncle dise que cette fille est la sienne, si cela veut dire qu'elle jouit de la même condition et d'autant de soins que sa propre fille, nous estimons qu'il n'y a pas de mal à ces propos.  En revanche, il ne lui est pas permis de lui arroger un droit de filiation.

      

    Et Allah sait mieux

     


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